Il y a plus de 3 000 ans, les Phéniciens étendirent leurs activités commerciales jusqu'à la Sicile, à l'Afrique du Nord, aux côtes européennes de la Méditerranée et aux côtes atlantiques de l'Espagne. Ils y créèrent des points de mouillage et de ravitaillement dont les plus anciens sont Gadès en Espagne (vers - 1100) et Utique en Tunisie (- 1101). Carthage fut fondée par la princesse phénicienne Elissa (Didon pour les Romains) venue de Tyr (la ville de Sour au Liban), fuyant son frère sanguinaire le roi Pygmalion, en 814 av. J.-C.
Jusqu’à la fin du VIe siècle, l’empire carthaginois a connu une expansion dans tout le bassin méditerranéen au détriment de ses rivaux grecs qui furent chassés de leurs comptoirs traditionnels en Méditerranée (Sicile, Sardaigne, Baléares, Sud de l’Espagne, Corse, les côtes nord africaines, de la Tripolitaine à l’Atlantique).
La défaite de la flotte carthaginoise (commandée par Amilcar) face aux Grecs (commandés par Gélon de Syracuse) suite à la bataille d’Himère (Sicile) en 480 av. J.-C., a fini par rétablir l’emprise des Grecs sur le commerce dans le bassin méditerranéen. Cette nouvelle situation finira par repositionner Carthage -puissance maritime- dans son environnement continental africain tout en cherchant d’autres débouchés commerciaux.
Carthage entamera une politique de mise en valeur agricole de son arrière-pays et le développement de ses rapports marchands aussi bien avec l’intérieur du pays (la Tunisie) qu’avec l’Afrique subsaharienne et l’ouest européen (Espagne, îles britanniques).
Les périples d’Hannon (450 av. J.-C.) pour l’Afrique tropicale et d’Himilcon (Ve siècle av. J.-C.) pour les îles britanniques en vue de rechercher des matières précieuses et des nouveaux marchés confirmaient cette nouvelle stratégie carthaginoise.
À partir du Ve siècle avant J.-C., les côtes sud de la méditerranée dont celles du Sud-Est tunisien furent parsemées de comptoirs Puniques : l'île Meninx (Djerba), Gigthis (Boughrara), Tacapae (Gabès), afin d’assurer le relais avec le commerce transsaharien (voir carte). En effet, les comptoirs tripolitains (Gigthis, Lepcis, Oea) étaient les ports d’attaches pour le commerce caravanier qu’entretenaient les nomades avec l’Afrique tropicales via les routes sahariennes.
Selon Hérodote, les Garamantes du Fezzan assuraient les liaisons commerciales entre Carthage et le Soudan, ramenant vers la Méditerranée l'or, l'étain, l’ivoire, les plumes d'autruches, les animaux sauvages et aussi les esclaves. À cette époque l'armée carthaginoise profitait de ces nouvelles ressources en introduisant les éléphants importés d'Afrique pour l’équipement de ses troupes.
L’importance donnée aux comptoirs puniques de la plaine de la Jeffara (Sud-Est tunisien) s'est accrue surtout après la perte des colonies et des comptoirs phéniciens en Sicile et en Sardaigne suite au deux premières guerres puniques.
Bibliographie
Atlas historique de l’Afrique / ed. par Catherine Coquery-Vidrovitch et Gorges Laclavère. Paris : Les Éditions du Jaguar, 1988, 174 p ; p. 46.
Slim Hédi, Mahjoubi Ammar, Belkhoja Khaled, Ennabli Abdelmajid. L'Antiquité. Tunis : Sud Éditions, 2003, Tome1-Série: Histoire de la Tunisie, 460 p, p. 79.