A Kef Touareg on peut observer la série la plus complète et la plus représentative du Trias, au pied de la falaise de Djebel Rehach (coupe type). Avec ses trois principaux faciès :
Le Trias gréseux, à la base, est représenté par une épaisse série de 900 mètres, constituée essentiellement de grès à bois fossiles et d’argiles rouges admettant quelques niveaux carbonatés à Myophories qui indiquent la nature littorale du milieu de dépôt et permettent de donner un âge Trias inférieur à moyen (Scythien à Ladinien) à cette série. De l’affleurement, il n’apparaît des 900 mètres de grès et d’argiles que la partie sommitale, connue sous le nom de formation Kirchaou. Cette formation débute les affleurements mésozoïques de la plateforme saharienne et constitue le substrat de la sebkha Erg el Makhzen et celui de la plaine de Smar jusqu’à la rive droite de l’oued Fessi.
La Paléogéographie et paléo-environnements:
A la fin du Permien et au Trias inférieur, le retrait de la mer laisse, en bordure du rift, de vastes terres émergées qui ont été, grâce à des conditions climatiques humides favorables, couvertes par d’importantes plaines fluvio-deltaïques. Les dépôts des environnements margine-littoraux, ainsi installés, matérialisent le « Trias gréseux » et correspondent aux grès et argiles rouges qui débutent la série mésozoïque de la plateforme saharienne. Ils marquent la base des af-fleurements géologiques depuis le chaînon paléozoïque des environs de Médenine au nord jusqu’aux reliefs de Djebel Sidi Toui, dans la plaine d’El Ouara au sud.
Le Trias carbonaté, au milieu, comporte deux barres carbonatées fossilifères renfermant les premières ammonites de la Téthys, les Cératites, des nautiles, des Myophories (bivalves fossiles du Trias) et de nombreux autres mollusques lamellibranches et gastéropodes. A côté de cette riche faune d’invertébrés, ont été découverts dans le Trias carbonaté,il y a des restes vertébrés de Nautosauriens et Placodontes qui correspondent aux reptiles marins géants de la Téthys triasiques. Grâce à cette faune marine, l’ossature du plateau de Djebel Rehach est attribué aux carbonates du Carnien (base du Trias supérieur).
La Paléogéographie et paléo-environnements: Les deux barres carbonatées qui surmontent les grès et argiles rouges du Trias gréseux et qui forment l’ossature du vaste plateau de Djebel Rehach, matérialisent la première transgression marine du Mésozoïque. Les débris d’os de ces reptiles marins géants, les placodontes et notosauriens, les ammonites primitives du genre Cératites et les nautiles, les myophories et les nombreux autres mollusques observés dans le Trias carbonaté militent en faveur de l’installation d’une mer suffisamment vaste et profonde pour produire cette biodiversité et donner lieu à une importante plateforme carbonatée.
Le Trias évaporitique, au sommet, représente le Trias supérieur (Norien à Rhétien) et constitue la base d’une très épaisse série gypseuse qui couvre une large plaine s'étendant sur une vingtaine de kilomètres, entre le plateau de Djebel Rehach et celui de Djebel Grimissa, matérialisant ainsi la mise en place de vastes systèmes de sebkhas occupant la bande côtière entre les eaux de la Téthys et les terres arides de la plateforme saharienne.
La Paléogéographie et paléo-environnements
La deuxième importante crise de biodiversité qu’a connue la Terre, au cours de son histoire géologique, est celle de la limite Trias - Jurassique (à 205 millions d’années) qui a porté à la formation des immenses sebkhas littorales du Trias supérieur et du Jurassique inférieur : Elle est probablement due à des conditions climatiques extrêmes. Cette hypothèse peut être défendue par la présence, dans la succession sédimentaire dans la plaine d’El Ouara, d’une puissante série évaporitique qui marque le Trias supérieur ou « Trias évaporitique » et le début des temps jurassiques, couvrant un intervalle de temps d’environ 50 millions d’années. Au cours de cette période, la bordure nord de la plateforme saharienne, comme dans beaucoup d’endroit à la surface de la planète, s’est transformée en une gigantesque machine à fabriquer des sels. Il s’agit d'épaisses couches de gypse qui affleurent dans les plaines de Bhir et de Mestaoua et qui se sont déposées dans d’immenses sebkhas littorales couvrant plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés.
Ces couches de gypse montrent plusieurs intercalations carbonatées qui témoignent de brèves transgressions marines ayant alimenté en eau les sebkhas et fourni les solutions riches en sels. Les dolomies de la Formation Messaoudi datées du Norien, les dolomies de Zarzour du Rhétien entre les gypses de Bhir I et ceux de Bhir II, les calcaires de la formation Zmitet Haber du Pliensbachien et les dolomies de la formation Krachoua du Bajocien qui s’intercalent dans cette épaisse série évaporitique constituent l’enregistrement sédimentaire des plus importantes de ces transgressions qui ont inondé les vastes sebkhas du Trias supérieur et du Jurassique inférieur.
Certaines transgressions sont de durée plus longue, avec des colonnes d’eau plus importantes permettant le dépôt de sédiments carbonatés avant la reprise de la sédimentation évaporitique qui indique une diminution de la tranche d’eau et l’arrêt de la communication avec le milieu marin. La falaise qui supporte le plateau de Djebel Grimissa est la plus importante de ces transgressions marines, avant le retour, au Bathonien, de conditions climatiques humides sur la plateforme saharienne.